Miss C.I 2002

MissCI

Une fête sans éclat, Miss petite

“C’est la puissance divine qui m’a fait gagner. Dieu m’a inspirée et guidé mes pas ”.

Elève en Terminale D au lycée les “ Phalènes ” de Yopougon, Azébian Yannick, âgée de 17 ans, mesurant 1,69m pour un poids de 53 kg est vraiment “ bénie de Dieu ”. Pour avoir été élue parmi 26 candidates les unes aussi belles que les autres, samedi dernier au Palais de la Culture de Treichville. Le combat qu’elle entend mener maintenant : réussir au bac pour faire des études de marketing.
Ses 1ère et 2ème dauphines : Bladi Désirée Marie Carine (1,80m), miss Korhogo, et Sanou Mélanie, miss Yamoussoukro (1,69m), n’ont pas démérité. La différence ? Les questions de culture générale portant sur l’émancipation de la femme et la lutte contre le Sida.
Samedi, les postulantes se sont offertes. Dans un tableau en quatre actes. Pour célébrer la beauté féminine, selon les normes du COMICI. La femme dont le corps danse quand elle se déhanche.
Premier acte du tableau. Il est 22H10. Le rideau s’ouvre sur un podium blanc dont les marches font penser au salon d’un Marquis. Une œuvre d’art antique. Après la prestation de Pierrette Adams qui chante “ Amène-moi ”. Suivra un défilé de mode de jeunes créateurs d’Abidjan, Daloa et de Bouaké ayant habillé les candidates. En lieu et place du premier passage en tenue traditionnelle. Première innovation du COMICI.
Gadji Céli demande d’attacher les ceintures. Il veut chauffer le coin. “ On est pour la joie, c’est tout le monde qui bouge ”, chante-t-il. Mais le nombreux public ne bouge pas. La technique lâchera même l’artiste à deux reprises : pas de son. C’est plutôt une danseuse de Gadji Céli qui viendra chauffer le coin. Tout repartira grâce à ses rondeurs, dans un mapouka, sous les applaudissements du public réclamés par Claude Tamo, l’animateur de la soirée.
Les 26 candidates, en maillot de bain, la tenue de vérité, défilent une à une. Certaines avec assurance, d’autres cachant mal leur timidité par un sourire forcé à n’en pas finir.
Deuxième acte. On se croirait à la proclamation des résultats d’un examen scolaire. Les candidates, en tenue de soirée réalisée dans un pagne aux motifs du Sida attendent sur le podium le premier verdict du concours.
Onze noms sur les vingt-six sont donnés. Le douzième ne viendra pas aussitôt. Les jurés se concertent avant d’appeler le n° 3, Silué Aïchata. Les 14 premières filles malheureuses, dont Fadiga Aminata, élue Miss COMICI France-Europe et Gbaon Leslie, sa 1ère dauphine, se retirent dans la désillusion.
Chantal Taïba, merveilleusement enrobée avec un Matiko bien enlevé, aura volé la vedette aux postulantes. Elle chante : “ l’argent a changé de camp. L’amitié aussi ”.
Troisième acte. Le décor également va changer lorsque le rideau s’ouvre à nouveau. Avec une grande couronne au bas de l’escalier. A droite, un divan.
Bladi Marie Carine, dans une splendide tenue de soirée portant la griffe de Gilles Touré, ouvre les hostilités aux côtés de Claude Tamo. Sur les questions relatives à l’émancipation de la femme et à la lutte contre le Sida,.
Sur le deuxième volet, elle s’exprime de façon confuse. Tout comme les 10 autres prétendantes à la couronne de Miss, sauf Azebian Yannick, qui répondront de façon laborieuse aux questions.
Exemple bien choisi : Touré Nancy d’Aboisso (n° 11). Etes-vous fidèle ? Réponse: non !
Quatrième acte, le passage en tenue “ lépin ”. Une conception de Alexandra Duparc. Les candidates arrivent sur le podium en cache-sexe, portées sur une “ chaise au trône ” ? Deux robustes hommes, un pagne noué aux reins, la tête ceinte d’un bandeau sont commis à la tâche.
23h55. Les jurés se retirent et réapparaissent une trentaine de minutes plus tard. Pour annoncer le tiercé gagnant. Il aura obtenu les meilleures notes en vocabulaire et en logique. Une logique dont n’a pas fait preuve Yapo Bénédicte, la miss de San-Pedro. Ayant démissionné par courrier au dernier moment. De même que sa dauphine qui a été démise. Pour avoir menti sur son niveau scolaire. Alors qu’elle n’est pas élève. Manque de bonne moralité, selon M. Victor Yapobi, président du COMICI.
ERNEST AKA SIMON

· Quelles ambitions pour l’élue ?
Elle est connue, la désormais plus belle fille de Côte d’Ivoire. Belle, parce que le jury du Comici en a décidé ainsi. Mais belle à faire tourner la tête… Sa taille, elle n’est même pas grande. Juste 1m 69. Hors concours! Trop petite pour être une grande miss. Le Comici le sait. Il l’a maintenue dans le peloton de tête et le jury en a fait une miss. De la chance pour cette jeune lycéenne qui se retrouve propriétaire d’une maison de quatre pièces (qu’elle pourra habiter dans 15 jours. Attendons de voir), d’une voiture (qu’on lui prêtera et qu’un généreux sponsor lui offrira), d’un lot de pagnes (elle pourra s’ouvrir une boutique, ça lui permettra de nourrir sa cagnotte), d’un million de francs offert par la Première dame. D’une assurance maladie et… décès.
Et voilà, les rideaux sont tombés. Des larmes de joie et de dépit ont mouillé les joues de jeunes filles qui rêvaient toutes de porter la couronne de Nadia Gaëlle. Elles sont rentrées chez elles, heureuses et fières(?) d’avoir participé à ce concours de valorisation et de mise en confiance du corps. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas? Pour prouver qu’elles ont la tête bien pleine, on leur a parlé d’émancipation de la femme et de sida. Ça va de pair évidemment! Il revient à Azebian Yannick (prénom masculin) de porter les couleurs de la beauté.
Questions: qu’est-ce qu’elle fera pendant son règne? Le Comici a-t-il des projets pour sa miss 2002? Lesquels? On se souvient que Nadia Gaëlle a eu un passage très discret. A moins que le Comici n’ait pas voulu communiquer sur… son riche mandat.
Autres questions: A quoi sert ce concours? Que gagne le Comici en l’organisant? Pourquoi Yapobi et son équipe se décarcassent-ils pour trouver des filles (elles semblent pourtant très rares), séduire des sponsors (ils se font prier), organiser de longues soirées? Une fois leur plus belle fille élue, que fait-elle? Qu’est-elle censée faire? En clair, à quoi sert le concours miss en Côte d’Ivoire? Faire élire des filles qui tourneront en rond entre les quatre murs de leur maison? Quel intérêt !
La fête perd en popularité, au fil des éditions. Le Comici a signé un pacte avec le silence. Les belles filles se font désirer. Les prix et dons se sont allégés. La fête a perdu de son éclat; du moins, d’après les images que nous renvoie la télévision. Et les élues sont de plus en plus petites. De quelle miss le Comici a-t-il besoin? Pour faire quoi ? A.KRAIDY